LUTTE CONTRE LES MOUCHES : COMPRENDRE POUR MIEUX AGIR
Les insectes sont des parasites majeurs. En période estivale, les mouches constituent une nuisance importante, une prolifération non-maîtrisée peut rapidement rendre le site « invivable ».
Les mouches : une capacité de reproduction remarquable
Une fois démarré, le processus de multiplication est exponentiel. A 16°C, la durée du cycle de reproduction de la mouche domestique est de 50 jours. Il n’est plus que de 8 à 10 jours entre 25 à 30°C. Une mouche va pondre entre 600 et 2.000 œufs au cours de son existence (durée de vie moyenne d’une mouche : 19 jours), on comprend mieux l’importance d’éliminer leurs premières larves avant l’été. En hiver, une minorité de mouches et de pupes vont entrer en diapause. Elles peuvent ainsi supporter l’hiver et entretenir le cycle jusqu’au printemps suivant, d’où la nécessité d’en détruire le maximum en maintenant des litières sèches pour empêcher la survie des pupes. Les espèces les plus fréquentes sont la mouche domestique (Musca domestica), la mouche d’automne (Musca autom¬nalis), la mouche piqueuse des étables (Stomoxys calcitrans) et la mouche des cornes (Haematobia irri¬tans). Les deux premières espèces sont des mouches suceuses, omnivores se nourrissant de déchets, excréments et matières organiques en décomposition. Les deux autres sont des insectes piqueurs-suceurs se nourrissant exclusivement de sang. Ce qui en fait des espèces très agressives, particulièrement par temps orageux.
Associant moyens insecticides, biologiques et mécaniques, un contrôle réussi de la dynamique de contamination par les mouches demande le respect des points clés suivants :
• Être vigilant sur la propreté des bâtiments et abords.
• Intervenir tôt dès l’apparition des premières mouches avec des larvicides ou des auxiliaires de lutte biologique.
• Mettre en place la lutte dans tous les locaux avant infestation.
• Utiliser des produits homologués avec un respect strict de la dose.
• Ne pas mélanger plusieurs insecticides.
• Intervenir régulièrement conformément au protocole.
Les mouches : sources de nuisances et de transmission de maladies
La liste des maladies que peuvent transmettre les mouches, par contact ou piqûre, est longue : salmonelloses, entérocolites, mammites, kérato¬conjonctivites, avortements… Les mouches sont aussi source de diminution notable de production de lait ou de viande (550g/j en production laitière, 90 à 200 g/j en production viande), du fait de l’énervement des animaux et de l’énergie passée par ceux-ci à essayer de les éloigner.
L’hygiène des bâtiments : un facteur de maîtrise incontournable
Si les traitements sont nécessaires en élevage, la prévention passe d’abord par une bonne hygiène des locaux. La vigilance portera sur les abords des silos d’ensilage et les stockages d’aliments. De même, les fumières et aires paillées seront totalement nettoyées au printemps, les bâtiments seront asséchés au maximum par une bonne ventilation et il sera évité la persistance de restes de lait à proximité des cases à veaux. Toutes ces actions vont permettre de réduire au maximum les sources de nourriture pour les mouches et les lieux de ponte.
La lutte insecticide : un protocole larvicide primordial (90 % des mouches sont autochtones), des techniques à suivre
Les mouches adultes ne sont que la partie visible de l’infestation, les larves et pupes représentent 80 % de leur population active. Pour limiter les populations de mouches, l’utilisation de larvicides est donc primordiale. Ce sont des inhibiteurs de croissance. Ils bloquent la synthèse de la cuticule chez les larves et empêchent la formation des pupes. Les larvicides sont à appliquer sur les litières en privilégiant les zones non-piétinées par les animaux (bordures d’aire paillée, sous les abreuvoirs…), dans les fumières et fosses à lisier. Rappelons que si la mouche a déjà pondu avant d’être tuée, 10 jours plus tard, les 600 à 2.000 œufs auront donné naissance à de nouvelles mouches. La maîtrise sera d’autant plus efficace que la lutte aura commencée tôt. 90 % des mouches présentes sont nées dans le même lieu. Une bonne efficacité demande une intervention mensuelle avec un strict respect des doses et du mode préparatoire des produits. Les adulticides sont appliqués sur des parois propres. Ces surfaces ne doivent pas être lavées après application, leur usage est donc à proscrire sur les murs de salle de traite.
L’utilisation des insecticides : des règles de sécurité à respecter
Les insecticides pouvant être des produits nocifs par ingestion, inhalation ou contact, leur utilisation demande de respecter certaines règles. Avant toute utilisation, la fiche de sécurité sera consultée, elle indique les précautions nécessaires à mettre en place. Les éléments de base sont les suivants : porter un équipement de protection individuelle (EPI) de sécurité comprenant 1 masque avec un filtre A2 P3, des lunettes si le masque ne couvre pas les yeux, des gants en nitrile ou en néoprène et une combinaison de protection de catégorie III.
La lutte biologique : une méthode concluante et opérante
Muscidifurax raptorellus (mini-guêpe) est naturellement présente dans l’environnement, mais l’effectif est insuffisant pour inquiéter les mouches d’où l’intérêt de lâchers précoces puis réguliers sur la période avril/octobre. Cette méthode nécessite le strict respect du protocole (cf. encadré). Les mini-guêpes sont disponibles à Farago Creuse en partenariat avec une société productrice de ces insectes et spécialisée dans la production d’auxiliaires zélés et d’insectes pollinisateurs.
Utilisation de pièges et DEIV (désinsectiseurs électriques des insectes volants) en complément des traitements avec un élargissement à tout le site, habitations comprises
Les appâts ou pièges représentent un complément comme révélateur de niveau de population et, ainsi, indicateur de nécessité d’un traitement. De plus, ils peuvent être utilisés dans des zones où ces traitements ne peuvent être réalisés. Farago Creuse dispose d’une large gamme de DEIV. Ces destructeurs d’insectes sont à installer dans des endroits stratégiques (box à veaux, agneaux, chevreaux, nurserie, salle de traite, ateliers de découpe et de transformation, bureaux, habitations…).
Farago Creuse pour vous aider à définir votre plan d’action
Le contrôle de la population des insectes représente un paramètre majeur, tant en matière sanitaire qu’économique. Le programme de lutte est à raisonner selon les caractéristiques et objectifs de l’élevage. Farago Creuse est à votre disposition pour vous aider à définir votre plan d’action et vous fournir les éléments nécessaires pour sa réalisation.
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La lutte biologique : une efficacité liée au strict respect du protocole
Dans les élevages sur fumier sec, l’utilisation d’hyménoptères parasitoïdes (Muscidifurax raptorellus = mini-guêpes) permet de lutter contre la prolifération des mouches. Quelques jours après leur introduction, les adultes émergent, pas plus gros qu’une tête d’épingle, le parasitoïde se déplace sur le fumier sec dans un rayon d’environ 10 mètres.
Des hyménoptères parasites des pupes de mouches
Répandus sur le fumier, les hyménoptères parasitoïdes, prédateurs naturels de la mouche, prospectent ensuite à la recherche des pupes de mouches à parasiter. Lorsqu’ils trouvent une pupe, ils s’y introduisent et s’en nourrissent. Sont déposés ensuite dans la pupe, un ou plusieurs œufs, les larves qui en sont issues se nourrissent de la pupe morte. Lorsque le parasitoïde termine son cycle, un adulte quitte la pupe et part à la recherche de nouvelles. Le cycle de vie de l’hyménoptère parasitoïde est d’environ 3 semaines.
Un « entretien » limité
Le système nécessite très peu d’entretien et de travail et n’engendre pas de modifications dans les pratiques. Un lâcher est effectué tous les 15 jours en tenant compte des curages et des pics de température propices au développement de la mouche. Cela permet de prévenir toute fluctuation de la population. En années climatiquement normales, il suffit de débuter en février/mars et d’introduire la dernière vague au mois de septembre.
Un protocole à respecter pour un fonctionnement optimal
Pour un fonctionnement optimal, certaines spécificités sont à connaître. Les mini-guêpes se développent dans du fumier sec. On évitera donc que des endroits (très) humides ne se forment. Afin que ces hyménoptères parasitoïdes puissent contrôler les populations de mouches, leur introduction sera réalisée tôt, avant l’apparition des mouches en nombre. Au-delà, les populations ne pourront plus être maîtrisées. Le dosage est fonction de la taille de l’animal (2 à 10 hyménoptères parasitoïdes par animal pour les volailles, 200 à 500 pour les bovins, chevaux, porcs, ovins ou chèvres). Les insectes sont déposés le long des bords des loges, près des abreuvoirs ou au contraire en milieu de litière, en fonction des pontes habituelles des mouches domestiques. Pour que cette lutte soit efficace, il est important de savoir si des insecticides ont été utilisés, à quelle dose et à quelle date. Leur persistance d’action peut freiner le développement des populations des hyménoptères parasitoïdes. A contrario, certains produits, comme les appâts granulés, sont compatibles et peuvent être utilisés en complémentarité.